Éclairage Public
Par cohérence avec son Plan Local d’Actions pour la Nature, l’Environnement et la Transition Écologique, (P.L.A.N.E.T.E. Opoul-Périllos), la commune a décidé de « profiter » du deuxième confinement, puis de l’instauration du couvre-feu, pour expérimenter l’extinction de l’éclairage public en milieu de nuit. Ainsi, depuis le 23 novembre 2020, les lampadaires s’éteignent de minuit à 5h30 du matin et les étoiles se rallument !
La grande majorité des retours, oraux ou écrits, reçus jusque-là sont positifs. Cependant, cette initiative induit pour nous tous un changement important dans nos habitudes. C’est pourquoi la commission Environnement a voulu éditer ce document, qui a pour but, à la fois, de présenter les motivations de la démarche, et d’apporter un premier bilan de l’expérience, en vue de sa pérennisation.
Parallèlement, afin de pouvoir affiner et adapter au mieux le dispositif à notre territoire, nous avons décidé de consigner vos observations sur un registre. Cette consultation sur la durée permettra de faire remonter vos idées, suggestions et remarques, et de faire un point régulier sur les adaptations à apporter.
Des constats et des mesures nationales
En France, en 25 ans, la lumière émise dans l’espace public a augmenté de 95 % et 75 % des français estiment que la pollution lumineuse n’est pas assez prise en compte.
L’éclairage représente le premier poste de consommation d’électricité en France (41%).
12000 communes en France ont déjà mis en place une extinction partielle ou totale en milieu de nuit. (chiffres APCEN)
La loi de transition énergétique, la loi biodiversité et paysages, et les deux lois « Grenelle » encouragent l’extinction partielle ou totale en milieu de nuit.
Les paysages nocturnes sont reconnus patrimoine commun de la nation dans la loi pour la biodiversité. La capacité à observer le ciel est aussi un patrimoine collectif à protéger: la beauté du ciel étoilé a été reconnue par l’ONU comme « patrimoine commun de l’humanité ».
Aujourd’hui, en raison de la pollution lumineuse seulement 10 % des étoiles restent encore visibles.
Les impacts de l’éclairage continu sur la santé humaine
Il provoque la rupture du rythme biologique d’alternance naturelle jour/nuit, base de l’évolution du vivant et rythme constitutif conditionnant nombre de fonctions physiologiques.
L’homme est un être diurne et la lumière est le synchronisateur le plus puissant de son horloge interne. La lumière naturelle de la pleine lune est de 0,20 lux. En bas d’un mat lumineux, on peut mesurer jusqu’à 100 lux… alors qu’il est reconnu que 10 lux peuvent avoir des conséquences importantes sur le sommeil et la santé : perturbation du cycle biologique et du sommeil, fonctions physiologiques troublées comme la sécrétion hormonale du cortisol ou de la mélatonine nécessaire au sommeil, aux défenses immunitaires, à la régulation de l’humeur. Ainsi de récentes études montrent le lien entre éclairage nocturne et problèmes de santé : hausse du taux de dépression, prise de poids et risques accrus de cancer.
Les sollicitations lumineuses omniprésentes sont également toxiques pour les yeux et provoquent leur vieillissement précoce (attention notamment aux LED blanches). (sources : études de chercheurs de l’université de l’Ohio, de l’institut de science biologique et environnementale de l’Université d’Aberdeen, de l’INSERM)
Impacts sur la faune
28 % des vertébrés et 64 % des invertébrés vivent partiellement ou totalement la nuit. L’environnement nocturne constitue presque un écosystème à part entière, il est un habitat, une ressource, une condition de vie et de survie.
Or, l’éclairage nocturne augmente la fragmentation des milieux et devient un obstacle parfois infranchissable pour certaines espèces au même titre que les infrastructures routières ou l’artificialisation des milieux. La loi de 2016 sur la biodiversité incite à créer dans les documents d’urbanisme des continuités écologiques sans lumières artificielles : les « trames nocturnes », aussi importantes que les trames vertes ou bleues.
Deux tiers des oiseaux migrateurs se déplacent de nuit en s’orientant avec les étoiles. Le flot de lumière entraîne une déviation de leur trajectoire qui peut causer leur mort par collision directe avec des obstacles ou par épuisement. En effet, sans cesse déroutés de leur axe migratoire, ils finissent par manquer de « carburant ».
A contrario, la lumière est un atout pour certaines espèces proches de l’homme, comme les étourneaux, les pigeons, les merles. Elle va induire une recherche plus longue de nourriture et donc conduire à une augmentation des populations et par là même des nuisances….
La lumière avec son pouvoir attractif est la deuxième cause d’extinction des insectes après les insecticides.
Effets sur la végétation
L’alternance jour/nuit est essentielle pour le bon développement des plantes.
L’éclairage nocturne dérègle les cycles photosynthèse/respiration, provoquant des troubles de floraison et de végétation. Cela les rend plus sensibles aux pathogènes et aux maladies, réduisant leur durée de vie.
Et la sécurité ?
Il n’existe pas à notre connaissance d’étude nationale mentionnant de chiffres prouvant la non corrélation entre extinction de l’éclairage public et l’augmentation des délits nocturnes. Cependant, les retours des collectivités et des gendarmeries où est mis en place le dispositif sont largement unanimes.
Dans les 12000 communes ayant éteint l’éclairage, il n’y a pas eu d’augmentation des délits. Les services de gendarmerie ou de police constatent même une diminution des incivilités et de la vitesse des véhicules.
Les expériences montrent que les délits sont majoritairement diurnes, sans liens avérés avec l’extinction de l’éclairage. A contrario, l’éclairage incite à des rassemblements, parfois bruyants, voire des trafics, bien plus que les sites non éclairés.
De même, un rôdeur ou cambrioleur sera plus facilement repéré s’il utilise sa propre source d’éclairage dans l’obscurité générale, que s’il profite de l’éclairage public.
Les expériences prouvent également que les automobilistes roulent plus vite et ont une vigilance moindre quand les routes sont éclairées.
Concrètement, pour Opoul,
quels avantages ?
L’extinction de l’éclairage public présente des avantages tant environnementaux qu’économiques.
La consommation électrique annuelle de l’éclairage public dans notre village est de 133 500 kwh, soit une facture de 20 900 € (environ 4000 heures d’éclairage).
En éteignant de minuit à 5h30 du matin, on économise environ la moitié, auquel il faut tout de même soustraire les 4000 € incompressibles d’abonnement. Ce sont plus de 8000 € qui pourraient être réinvestis autre part.
Ce sont aussi quelques 66 000 kwh d’énergie non consommés, ce qui participe au nécessaire effort collectif de transition énergétique.
Parallèlement, un programme de remplacement des luminaires est prévu à l’échelle du mandat sur l’ensemble du village, en commençant par les plus anciens, les plus polluants et les plus consommateurs d’énergie.
Le passage à de nouvelles technologies permettra de réduire encore la facture (et les abonnements), mais aussi la pollution lumineuse durant le temps d’éclairement.
Notre commune possède un patrimoine naturel exceptionnel. Sa forte valeur, notamment ornithologique, est reconnue et protégée par des zones naturelles classées (Natura 2000, ZNIEFF, arrêté de protection de la zone humide, PNR, etc.). L’extinction de l’éclairage est une valeur ajoutée pour l’attrait de notre village.
Nos paysages et notre environnement sauvegardé représentent sans doute, à l’heure actuelle, notre richesse la plus importante. Leur valorisation attire un tourisme vert respectueux, qui participe au renforcement de l’économie de notre village, et au maintien de nos producteurs. Obtenir un label « village étoilé » contribuerait à conforter cet atout.
En termes de sécurité routière et piétonnière, la consultation mise en place par le biais du registre de consignation des observations permettra notamment de mettre en évidence les lieux sensibles à renforcer avec des dispositifs réfléchissants ou catadioptres.
A Savoir : une intervention du SIVOM est nécessaire pour programmer les horloges astronomiques des compteurs électriques qui gèrent l’allumage et l’extinction de l’éclairage. Cette intervention d’une journée de travail coûte 450 €.
Cependant, pour gagner indépendance et souplesse dans notre dispositif, nous envisageons de former un de nos employés communaux pour effectuer cette tâche, en cas de festivités par exemple.
L’extinction en milieu de nuit est le moyen le plus simple pour faire des économies importantes sur la consommation d’énergie, la durée de vie des matériels et la maintenance. C’est en outre le seul dispositif permettant l’arrêt total de la pollution lumineuse. C’est avant tout un acte citoyen.
L’urgence climatique n’attend pas et la municipalité
doit être acteur des changements !
Registre de consignation des observations
sur l’extinction de l’éclairage public en milieu de nuit